le cirque n’est plus
à la mode
pour aimer ça faut être
un salaud
qu’aime pas les animaux
et toc.

ouais mais quand même
les saltimbanques et les forains
les cirques anciens
barbe à papa et animaux
éléphants, lions et chevaux
et les exploits des dresseurs
acrobates, clowns et jongleurs…
moi, j’aime !

les yeux des petits étincellent
pour les grands c’est mieux
qu’le tranxène
rires féériques
silences magiques
les nuits du cirque !

comme un tour de France permanent
un peu à la façon d’gitans
c’est la misère et la beauté
la saleté et la liberté
mais c’est du rêve
et du bonheur
tout l’monde se lève
devant l’dresseur…

j’savais pas que j’suis un salaud
j’aime le cirque et j’trouve ça beau
si vous voulez pas y aller
pas la peine de nous faire ch….

La Rivière saint Sauveur, juillet 2019

Sa Suffisance triomphait
enfin seul en « son » palais
« pas d’temps à perdre faut fouiller,
fouiner, faire la chasse aux clefs,
chasse à tout et chasse à tous ! »
pourvu qu’ça fasse de la mousse…

sans s’cacher,
gros balourd,
avec ses charmants atours
sur nous a son doigt pointé !

« Vous n’aurez rien, tout est à moâ ! »
hurlait l’empereur des goujats
« volontés ? quelles volontés ?
y a un notaire ? un papier ? »
sans s’cacher,
sans détour,
gros vautour
a chargé
monospace
de rapace

à Claude,
en espérant vraiment qu'il se reconnaîtra,
Pont l'Evêque, août 2013

zyva mon gars !
à donf la vie va
c'est les vacances !
soleil l'ambiance
musique techno
chez les péquenauds
p'tits citadins
s'la pètent au loin

les planches, le fric
la plage, la clique
décapotables et lunettes noires
Sarko qui dédicace son livre
dans la ville de tous ses espoirs
et ça l'enivre !
de quoi, madame, pas d'chèque ici ?
n'auriez vous pas confiance en moi ?
un peu comme ma banquière lundi,
tout ça pour un p'tit chèque en bois...

c'est l'été tout c'qu'on oublie
nous rattrappera un lundi
de septembre et on s'en fout
puisqu'on est en juillet août !
soixante deux jours à flamber
au soleil et en terrasses
on a un côté têtes brûlées
il faut bien que jeunesse se passe...
un vieux beau c'est jamais qu'un
jeunot qu'a loupé tous ses trains
il sent bien qu'il est has been
sa mémoire flotte dans un vieux gin...

Deauville, juillet 2019

courbée par les ans
elle avance d'équerre
dans son quartier
regard par terre
pour avancer
comme les fillettes
sans la tablette...

ça fait deux siècles qu'elle traverse
- à peine mouillée par les averses -
jolie Normandie côte fleurie
d'où elle n'est même jamais partie...
Pourquoi partir ? y a tant à voir,
trois cents familles, c'est des histoires
à mourir
de rire !

Trouville sur Mer, mai 2019

Viens la belle, on va danser
- trop facile une femme mariée
dans son quotidien noyée -
venez, j'vais pas vous manger...

forcément, l'homme qui ose tout
l'emmène sous les projecteurs
ça a fait battre son coeur
il en fallait pas beaucoup...

Vous êtes tout mon type de femme...
Merci mais je suis mariée...
Pas moi, mais c'est pas un drame,
je vous en veux pas, allez...
et puis, c'est normal aussi
- grande envolée rock'n roll -
vous m'connaissez juste ici,
sans moi, la vie, c'est pas drôle !
Vous êtes belle quand vous riez
ça vous fait une jolie gorge...

Que faire ? Partir ou rester ?
c'est doux comme un sucre d'orge...
il est fou mais c'est si bon
de séduire, plaire, attirer
inconnu aux cheveux blonds,
laisser ses mots caresser
tout mon corps par les oreilles...
et puis on fait rien de mal...

Pour l'instant...

Le Torquesne, mai 2019

allo, allo,
à l'hôpital
c'est là qu'on va
quand j'ai trop mal

y a des enfants
et y a des grands
des gens en blanc
avec des gants

allo, allo,
à l'hôpital
c'est là qu'on va
quand j'ai trop mal

ils sont gentils
le jour la nuit
si je suis pâle
ils restent et parlent

allo, allo,
à l'hôpital
c'est là qu'on va
quand j'ai trop mal

ça fait longtemps
que je suis là
et faire sans blanc
je connais pas

allo, allo,
à l'hôpital
c'est là qu'on va
quand j'ai trop mal

elles font du bien
les femmes en blanc
elles sont la vie
pour leurs patients

allo, allo,
à l'hôpital
c'est là qu'on va
quand j'ai trop mal

mal foutus et en pyjamas,
malades ou cassés, sans éclat...
comment sont-ils arrivés là ?

Hôpital de Lisieux, février 2019

Cité bigarrée
étranges étrangers
qui viennent et qui vont
bateaux ou avions

Cité bigarrée
îlots et quartiers
comme un domino
de vingt mètres de haut

Cité bigarrée
industrialisée
chômage, violence, drames,
la pluie dans ton âme

Cité bigarrée
quand revient l’été
partout l’air iodé
le sel des marées

Cité bigarrée
milliers d’écoliers
auraient bel espoir
mais faudrait y croire

Cité bigarrée
a tous les métiers
forgés par le fer
tirés par la mer
poussés par la terre

Cité bigarrée
dort mal à penser
à ceux qui ont rien,
mépris ou dédain…
car les passants fuient
tous ces sans abri…
ta citoyenneté,
cité bigarrée ?

Cité bigarrée
est belle à crever
de froid en hiver !
mais c’était hier…

Cité bigarrée
toujours pavoisée
peaux multicolores
partout sur son corps

Cité bigarrée
sans cesse animée
quand bougent ses artères
d’une ado pubère
sens sollicités
envie inavouée
« moi, resplendissante,
chacun je les tente »

Cité bigarrée
jeune et apeurée
n’est pas à créer
elle existe, c’est vrai,
au bassin havrais.

Le Havre, mai 1996