Saint Martin
11 novembre : saint Martin de Tours (et bien évidemment, anniversaire de l’armistice de la première guerre mondiale, mais même ce jour là on fêtait la saint Martin !)
alors, aujourd’hui, prenez vos aises, because y a de la matière…
l’histoire de Martin, vous la connaissez déjà bien sûr, mais bon…
notre Martin est né en Hongrie, où son paternel, soldat romain, stationnant en garnison, en avait profité pour garnir sa femme aussi. et je vous prie de croire qu’il a choisi ses meilleurs chromosomes lors de leur fabuleuse luxure qui n’avait rien à voir avec l’esprit saint…
mais à l’époque, les fils de soldat devaient également participer à l’armée quand ils avaient 15 ans (genre tu seras un homme mon fils) et c’est ainsi que Martin fut affecté comme soldat en Gaule (chez nous, quoi).
arrivé à Amiens, il rencontre un pauvre claquant des dents tant il avait froid. ni une ni deux, il enlève son manteau et lui donne !
à ce moment là, il est lui même tout surpris (« diantre, mais serait ce que je serais bon ? ») et en tire la conclusion qu’il est plus fait pour le monastère que pour l’armée de métier. (tu parles, il s’est surtout dit que l’armée était à cheval sur son matériel et qu’il allait passer un sale quart d’heure… alors, comme à présent il se pelait grave, il a aussitôt pensé au confort inimitable d’une belle robe de bure !)
le voici donc déserteur mystique à Tours, où son monastère a tellement bonne réputation que les habitants de Tours viennent l’y enlever pour en faire leur évêque.
Ajoutons que la saint Martin, en général, c’est la période où l’hiver commence à s’installer. Oui mais… Quand au lieu du gel il y a redoux, on parle d’été de la Saint-Martin, aussi appelé été indien.
Tonton Georges nous parle d’ailleurs de l’été de la saint martin dans cette fort belle chanson qu’adorait Püppchen…
Concernant le 11 novembre, je vous ai déjà dit que j’avais une arrière grand tante, Tanie, qui a vécu jusqu’à 100 ans. et, plus que mon arrière grand tante, c’était ma grande amie, chez qui je passais à tout bout de champ et qui me racontait des histoires, des sacrées tranches de vie…
ainsi, le 11 novembre 1918, elle travaillait dans les bureaux à la Nobel quand la nouvelle se répandit. la Nobel étant une dynamiterie, on aurait pu penser que la direction concevrait un vif chagrin angoissant à l’annonce de la fin des hostilités !
et bien, pas du tout !
le patron était tellement content qu’il a invité l’ensemble des bureliers à aller manger au Cheval Blanc à Honfleur (aujourd’hui, ce n’est plus qu’un hôtel, mais longtemps ce fut un sympathique restaurant dont les salles à manger emplissaient tout le rez de chaussée de l’immeuble – là où se trouvent à présent 4 boutiques…)
là, on est en plein Berthe Sylva dans on n’a pas tous les jours vingt ans…
Et comm’ le printemps leur sourit,
A la campagne ell’s vont tout d’suite
Chercher un beau p’tit coin fleuri.
Dans une auberge, en plein’ verdure,
Ell’s déjeun’nt sur le bord de l’eau,
Puis valsent au son d’un phono
En chantant pour marquer la m’sure :
On n’a pas tous les jours vingt ans,
Ca nous arrive un’ fois seul’ment.
C’est le jour le plus beau d’la vie,
Alors on peut fair’ des folies.
L’occasion il faut la saisir.
Payons-nous un p’tit peu d’plaisir,
Nous n’en f’rons pas toujours autant,
On n’a pas tous les jours vingt ans ! »
rappelons incidemment que l’automobile n’était alors pas de mode et que tout ce petit monde est descendu à pied gaiment de Ablon (la Nobel du Haut) à Honfleur, où un sacré gueuleton les attendait.
dans la liesse générale, ils burent plus qu’à l’accoutumée et, en sortant du restaurant, ils étaient ronds comme des queues de pelle mais tenaient encore debout (valait mieux pour le retour)
du coup, dans leur moment de folie, tout le monde a pris le chemin du retour en activant chaque sonnette qui se présentait à leurs joyeux doigts…
en fait de lendemains qui chantent, son fiancé (un vrai de vrai à l’ancienne) est revenu du front, mais pas en 1918, ni en 1919 d’ailleurs, mais… en 1920 ! elle a trouvé que le chemin du retour avait été un peu long, a rompu les fiançailles et ne s’est jamais mariée par la suite, sans être plus aigrie que ça par la gent masculine, et en conservant jusqu’au soir de sa vie un sourire au fond de ses yeux bleus. c’est peut être pour ça qu’elle a fini centenaire ?
en même temps, comme le frère de sa soeur, lui, avait profité des embarras administratifs de la première guerre mondiale pour se marier une seconde fois en toute légalité, vous concevrez que sa soeurette n’était pas formidablement réjouie d’être la première épouse d’un bigame, ce qui fait que ses deux enfants (dont ma grand mère) ont beaucoup été élevés par Tanie…
entre nous, je préfère de loin ma façon de commémorer le 11 novembre à celle de Napoléon IV, qui va chercher dans les limbes de l’histoire de France pour distinguer les « héros » de la grande boucherie…
allez, on finit avec Tonton Georges encore…
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