appliqué sur son métier
fil par ici, fil par là
tisserand emmêle les fils
fil par ici, fil par là
repensant à son passé
qui le dépasse et défile…

les fils venus de nulle part
fil par ici, fil par là
comme les rencontres au hasard
fil par ici, fil par là
du temps qui file dans la vie
ils se crochent ou se délient…

génétiques ou sympathiques,
fil par ici, fil par là
consanguins ou orphelins,
fil par ici, fil par là
rien ne garantit les liens
hors un élan empathique…

faut savoir ce qu’on partage
du temps des repas c’est bien
mais peut être un peu volage
fil par ici, fil par là
partager des idées, tiens !
fil par ici, fil par là
le lien traverse les âges

par delà la vie fil tiendra
quand s’en ira tisserand
survivront ses vêtements
fil par ici, fil par là
de son histoire comme témoin
de son métier, sa passion,
fil par ici, fil par là
le rythme de sa maison…

Wissembourg, mai 2019

La nausée
sans savoir pourquoi
comme un trop plein
de quotidiens
accumulé
entre mes bras

Boue épaisse
envahit tout mon corps
marcher... quel effort !
salissure
qui vous laisse
en pelures

chante, même faux,
mon ami,
comme Ferrat,
en c'temps là :
"QUE C'EST BEAU
C'EST BEAU LA VIE !"

c'est rien qu'des mots
- sketches ou paroles -
faits aux stylo
épopée folle...

Trouville sur Mer, juin 2019

la vie tisse
des fils
y défilent
des fils
qui s'emmêlent et
qui, sangs mêlés,
se défient
dans la vie.

la naissance les fit
frères et fils mais qu'y
pouvaient-ils, eux, si
ils venaient ici ?

la fraternité
c'est pas la fratrie
c'est les fils qu'on tisse
racines de nos vies
dans la société

Monsieur, frère du Roi,
a perdu la tête
fréritude avec.

Wissembourg, mai 2019

aux larmes, citoyens !
versez vos sanglots longs !
ce monde est con
et les coeurs purs
y passent pour des gnafrons…

Nous avançons en marche arrière,
anesthésiés par le « progrès »,
et nous laissons crever nos frères
nous voilant la face à jamais…
bien plus soucieux de leur survivre
que d’entr’ouvrir un portefeuille
nous dépérissons feuille à feuille
en nous réfugiant dans des livres !

Aux larmes, citoyens !
tant pis pour les barbons
Révolution !
moins de ruptures
c’est plus de solutions…

Mulhouse, février 1995.

Des soufflets d’accordéon
crispés dans mon visage
-une ride par sillon
de mon coeur labourage –
la sique a disparu
coeur en jachère

Comme le biniou des rues
-avec villes d’hier –
parti… disparu…

Accordéon désaccordé
qui roupille en brocante
quand vas tu te réveiller
sous des mains galopantes ?

Mulhouse, février 1995

la peinture à l’eau
c’est très rigolo,
surtout l’eau salée
- elle fait tout danser.

l’écume s’envole 
au fil des vagues
qui s'crashent
sur les rochers
dans le vacarme 
des mouettes hilares

le ciel se voile
l’orage va gronder
et verser à flots
des larmes
au bon goût 
iodé

Mariage d’une huître et d’un muscadet,
mélange de rites et du mascaret 

Villerville, hiver 2007