Havrais dires
Cité bigarrée
étranges étrangers
qui viennent et qui vont
bateaux ou avions
Cité bigarrée
îlots et quartiers
comme un domino
de vingt mètres de haut
Cité bigarrée
industrialisée
chômage, violence, drames,
la pluie dans ton âme
Cité bigarrée
quand revient l’été
partout l’air iodé
le sel des marées
Cité bigarrée
milliers d’écoliers
auraient bel espoir
mais faudrait y croire
Cité bigarrée
a tous les métiers
forgés par le fer
tirés par la mer
poussés par la terre
Cité bigarrée
dort mal à penser
à ceux qui ont rien,
mépris ou dédain…
car les passants fuient
tous ces sans abri…
ta citoyenneté,
cité bigarrée ?
Cité bigarrée
est belle à crever
de froid en hiver !
mais c’était hier…
Cité bigarrée
toujours pavoisée
peaux multicolores
partout sur son corps
Cité bigarrée
sans cesse animée
quand bougent ses artères
d’une ado pubère
sens sollicités
envie inavouée
« moi, resplendissante,
chacun je les tente »
Cité bigarrée
jeune et apeurée
n’est pas à créer
elle existe, c’est vrai,
au bassin havrais.
Le Havre, mai 1996
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